
Hyperconnexion et contre performances…
Notre attention est des plus en plus sollicitée.
Selon les dernières enquêtes, les 16-30 ans passent en moyenne 3,2 heures par jour sur leur smartphone, les 31-45 ans, 2,4 heures et les 46-65 ans, 1,5 heure, auxquelles s’ajoutent pour tous de 1 à 2 heures à surfer sur les réseaux sociaux.
Comment réagit notre cerveau face à ces sollicitations diverses que sont les alertes, les mails, les textos, les réseaux sociaux ?
On peut dire qu’il « souffre »… Ou du moins qu’il ne peut maintenir une attention suffisante permettant une efficacité optimale.
En effet, notre cerveau fonctionne en hiérarchisant les informations qui lui parviennent et qui lui semblent pertinentes en fonction de ses objectifs et de l’attention dont il est capable.
L’attention se divise en deux parties ; l’attention volontaire, celle qui permet de se concentrer sur une action, et celle qui réagit aux stimuli extérieurs. Cette dernière est très sensible puisqu’elle nous permet d’analyser notre environnement afin de nous préparer à un éventuel danger.
Les microdistractions vont agir comme autant d’accrocs dans le tissu de notre attention volontaire.
Cette sursollicitation de notre attention peut également provoquer des déficits attentionnels à long terme.
Notre cerveau n’est pas fait pour le « multitâches » et le forcer à fonctionner ainsi favorise le stress, la dépression, le burn-out. Cela affecte également les fonctions de mémorisation.
Le Professeur Lionel Naccache a comparé, dans son livre « la société réseau-nable » nos sociétés hyperconnectées à ce qui se produit dans le cerveau au moment d’une crise d’épilepsie, à savoir « un excès soudain de communication entre des régions cérébrales distances qui deviennent « indistinguables » les unes des autres » et donc s’appauvrissent en perdant leur spécificité.
Le moyen de garder sa concentration et son efficacité ? Segmenter son travail en petites tâches durant lesquelles on est entièrement à ce que l’on fait.
On peut également s’offrir des moments de déconnexion volontaire.
Ce n’est pas un hasard si l’article 55 de la Loi dite Rebsamen a prévu que les entreprises négocient avec les partenaires sociaux les modalités d’un « droit à la déconnexion » du salarié à compter du 1er janvier 2017.
En quelques chiffres (source : Equilibre Digital) :
1 internaute sur 2 ne peut pas “se passer 3 jours d’Internet sans que ça lui manque” (Etude du CREDOC – 2016)
16% des Français consultent leur smartphone dans les 5 minutes suivant leur réveil (jusqu’à 35% chez les 18-24 ans), 42% dans les 30 premières minutes, 59% dans l’heure. (Etude de Deloitte – 2015)
7 salariés Français sur 10 affirment être sollicités par leur entreprise en dehors du bureau (Enquête Edenred-Ipsos – 2014).
80% des cadres Français se connectent sur leur temps de loisirs pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème en leur absence, 63% le font pour éviter d’être débordées à leur retour. (Etude IFOP pour Securex – 2016)
En moyenne, un cadre Français est interrompu toutes les 7 minutes dans son travail par le numérique (Etude de Roambi et Zebaz – 2013) et il lui faut jusqu’à 25 minutes pour se reconcentrer après une interruption. (Professeur Gloria Mark dans Research – 2013)
9 travailleurs Français sur 10 consultent leurs mails personnels au travail. Inversement, 78% consultent leurs mails professionnels en dehors des heures de travail. A noter aussi que 64% consultent leurs e-mails en vacances, 62% devant la TV et 42% dans leur lit. (Etude d’Adobe – 2016)